DÉROBER : v. tr. Enlever, voler en cachette. Dérober une bourse, un bijou, une montre, un manteau. Argent dérobé. Il peut avoir pour complément le nom de la personne à qui l'on dérobe quelque chose. Ce domestique dérobe ses maîtres. Fig., Dérober à quelqu'un le secret qu'il ne voulait pas révéler. Les faveurs que l'intrigue dérobe au mérite. Dérober à quelqu'un la gloire qui lui est due, le mérite d'une belle action. Dérober un baiser, Embrasser quelqu'un par surprise.
Il se dit particulièrement d'un Auteur qui prend dans un autre quelque pensée, quelque passage, quelques vers et qui se les approprie. Il n'y a rien de bon dans son livre que ce qu'il a dérobé. C'est un hardi plagiaire, il dérobe des chapitres entiers.
Il se dit encore en parlant du Temps, des moments pris sur les heures que l'on consacre à ses affaires, à ses occupations ordinaires. Il dérobe chaque jour quelques moments à son travail pour venir prendre de mes nouvelles.
Faire quelque chose à ses heures dérobées, Prendre sur ses occupations ordinaires le temps de faire une chose. Je ferai ce mémoire à mes heures dérobées.
Il signifie en outre Cacher, empêcher de voir, de découvrir. Un mur lui dérobait la vue de la campagne. Un voile dérobait la statue à nos regards. Le vaisseau se déroba en peu de temps à nos yeux. Ils mirent à la voile, et bientôt tous les objets du rivage se dérobèrent à leur vue, à leurs yeux. À mesure que le jour baisse, les objets se dérobent insensiblement à la vue.
Escalier dérobé, Porte dérobée, Corridor dérobé, Escalier, porte, corridor qui servent à dégager un appartement et par lesquels on peut entrer et sortir sans être vu.
À LA DÉROBÉE, loc. adv. Secrètement, avec une sorte de mystère. Il s'en est allé à la dérobée. Ils ne se voient qu'à la dérobée.
Dérober sa marche, se dit d'une Armée qui fait une marche sans que l'ennemi s'en aperçoive. Ce général sut habilement dérober sa marche à l'ennemi. Dérober sa marche se dit aussi familièrement d'une Personne qui va d'un côté après avoir fait entendre qu'elle voulait aller d'un autre. Il signifie encore, figurément et familièrement, Cacher les moyens dont on se sert pour aller à ses fins. C'est un homme habile à dérober sa marche.
Il signifie également Soustraire. Dérober un criminel à la justice. Dérober quelqu'un au péril. Dérober à la vue de quelqu'un les objets qui lui rappellent des souvenirs pénibles. Il pénétra le secret que l'on cherchait à lui dérober. Se dérober aux coups de quelqu'un. Ils se sont jusqu'à présent dérobés à toutes les recherches. Les causes de ce phénomène se dérobent à l'intelligence humaine.
Se dérober d'une compagnie, ou simplement Se dérober, Se retirer d'une compagnie sans dire mot, sans être aperçu.
Se dérober à la discussion, et absolument Se dérober, Échapper volontairement à la discussion, la fuir ou esquiver une difficulté.
En termes de Manège, Ce cheval se dérobe de dessous son cavalier, se dit d'un Cheval qui, tout à coup, et par un mouvement irrégulier, s'échappe de dessous celui qui le monte.
Fig., Ses genoux se dérobent sous lui, Ses genoux vacillent et il a peine à se soutenir.
Tout ou partie de cette définition est extrait du Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition, 1932-1935