DEVOIR : v. tr. Avoir à payer une somme d'argent, à rendre ou à donner quelque chose que ce soit. Devoir de l'argent. Devoir tant de sacs de blé. Devoir tant de journées de travail. Je vous paierai à la date fixée tout ce que je vous dois. Devoir plus qu'on ne possède. Les sommes dues par un tel. Absolument, Il doit à tout le monde.
En termes de Pratique, Jusqu'à due concurrence, Jusqu'à concurrence de la somme, de la quantité dont un débiteur est tenu.
Acte en due forme, Acte rédigé conformément à la loi.
Prov., Devoir à Dieu et à diable, au tiers et au quart; devoir de tous côtés, Devoir beaucoup, avoir beaucoup de dettes.
Prov., Qui a terme ne doit rien, On ne peut être obligé de payer avant que le terme soit échu.
Doit s'emploie comme nom masculin dans les livres de compte, par opposition au mot Avoir, et désigne la Partie d'un compte où l'on porte ce qu'une personne doit, ce qu'elle a reçu. On appelle aussi Doit et avoir Le passif et l'actif.
DEVOIR signifie encore Être obligé à quelque chose par la morale, par la loi, par sa condition, par l'honneur, par la bienséance, etc. Un fils doit respect à son père. Il ne doit compte de ses actions à personne. On doit obéissance aux lois. Devoir une visite à quelqu'un. Vous lui devez des égards, des ménagements. On se doit à soi-même de respecter les bienséances. Je me devais de faire cette démarche. Un honnête homme sait ce qu'il se doit. Un homme d'honneur doit tenir sa parole. Vous devriez vous conduire autrement. Il ne devrait pas abandonner ses parents. Prov., Fais ce que dois, advienne que pourra.
On le dit quelquefois des Choses. La loi doit une égale protection à tous les citoyens. La pitié due au malheur.
SE DEVOIR À se dit spécialement pour Être dans l'obligation morale de se donner, de se dévouer à sa famille, à sa patrie, à ses amis. Vous vous devez à vos enfants.
Cela se doit, se dit de Ce qui doit être, de ce qu'il convient de faire.
Suivi d'un infinitif, il signifie souvent Être dans la nécessité de. Je dois partir à six heures. Je devrai avoir terminé cette tâche demain.
Il signifie en outre Être redevable à, tenir de. Il vous doit son bonheur, son salut, sa fortune. Racine doit beaucoup à Euripide. Corneille doit à Sénèque la belle scène d'Auguste et de Cinna. L'auteur a dû le succès de sa pièce au talent des acteurs. Cette colline doit son nom à un événement qu'on nous raconta. Par extension, Je lui dois tous mes maux.
Il se dit aussi pour marquer qu'il y a une espèce de justice, de raison, de nécessité, etc., qu'une chose soit. Un bon ouvrier doit être plus employé qu'un autre. Il me semble que cela devrait les réconcilier. Il devrait y avoir une garnison dans cette ville.
Il se dit encore pour marquer qu'une chose arrivera infailliblement. Tous les hommes doivent mourir. Le terme de son bail doit expirer dans deux jours.
DEVOIR, suivi d'un infinitif, joue aussi en quelque sorte le rôle d'un auxiliaire et se dit de Ce qui paraît vraisemblable, probable, plus ou moins certain. La campagne doit être belle maintenant. Il a dû partir ce matin. Le législateur doit avoir prévu ce cas. Il doit être bien agréable de... Il doit y avoir entre eux beaucoup de différence. À en juger par le train que mène cet homme, il doit être bien riche. Une fois réparé de cette façon, cet instrument doit marcher. On doit avoir bien froid avec un habit aussi léger.
Il se dit pareillement de Ce qu'on croit, ou qu'on présume, ou qu'on suppose qui arrivera. Le courrier doit être ici dans peu de jours. Je dois recevoir cette somme après-demain. Le bonheur que doivent goûter les élus. Quand même je devrais y périr. Il doit y avoir demain une assemblée générale.
À l'imparfait du subjonctif, et en tête de la phrase, il s'emploie dans le sens de Quand même. Dussé-je y périr; dût ma fortune être anéantie, Quand je devrais y périr, etc.
Il se dit aussi pour marquer l'intention qu'on a de faire quelque chose. Je dois aller demain à la campagne.
Tout ou partie de cette définition est extrait du Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition, 1932-1935