MARCHER : v. intr. S'avancer d'un lieu à un autre par le mouvement des jambes. Marcher en avant, en arrière, à reculons, Marcher posément, doucement, rapidement, fièrement. Marcher à grands pas, à petits pas, à pas comptés, à tâtons, sur la pointe du pied. Marcher au hasard. Cet enfant ne marche pas encore. Il commence à marcher tout seul. Marcher avec une canne, avec des béquilles.
Fam., Marcher comme un Basque, comme un chat maigre, Marcher fort vite.
Fam., Marcher à quatre pattes, Marcher sur les mains et sur les pieds.
Fig. et fam., Marcher à pas de loup, Marcher avec précaution et sans faire de bruit; Marcher à pas de tortue, Marcher avec une excessive lenteur; et Marcher à pas de géant, Marcher en faisant de grandes enjambées. Marcher à pas de géant se dit, surtout figurément, dans le sens de Faire un progrès rapide. Cet homme marche à pas de géant à la gloire, à la fortune, etc.
Marcher sur quelque chose, Mettre le pied dessus en marchant, ou simplement Poser le pied dessus. Marcher sur le pavé, sur l'herbe, sur des tapis. Marcher sur le pied de quelqu'un. Marchez sur ces étincelles qui risquent de mettre le feu. Prenez garde où vous marchez.
Fig. et fam., Il ne faut pas lui marcher sur le pied, il ne se laisse pas marcher sur le pied, se dit d'un Homme susceptible qu'il est dangereux de choquer.
Fig., Marcher sur les pas, sur les traces de quelqu'un, Imiter ses actions, suivre ses exemples.
Fig. et fam., Marcher sur les talons de quelqu'un, Le suivre de très près. Je vous annonce qu'il arrive; il marche sur mes talons.
Fam., Il marche, il est toujours sur mes talons, Il me suit partout, il m'importune en ne me quittant pas.
Marcher sur les talons de quelqu'un s'emploie aussi dans un sens plus figuré et signifie alors Suivre quelqu'un de près pour l'âge, ou la fortune, ou les succès.
Fig., Marcher sur des épines, Être dans une conjoncture difficile.
Fig., Marcher sur des charbons ardents, Traiter un sujet délicat ou dangereux, où l'on a sans cesse à craindre de se créer des inimitiés et des ennuis.
Fig. et fam., On marche sur les mauvais plaisants, sur les sots, Ils sont en très grand nombre.
Prov. et fig., Il a marché sur quelque mauvaise herbe, Il lui est arrivé quelque chose qui le met de mauvaise humeur. On dit aussi d'un Homme qui est de mauvaise humeur, sans qu'on sache pourquoi : Sur quelle herbe a-t-il marché aujourd'hui?
Fig., Marcher entre des précipices, Rencontrer de tous côtés des dangers.
MARCHER signifie aussi S'avancer de quelque manière que ce soit, à pied, à cheval, ou autrement. Nous étions les uns à cheval, les autres en voiture, nous avons marché toute la nuit, nous avons marché de compagnie. Nous avons marché à la fraîche, pour ne pas fatiguer nos chevaux.
Il se dit particulièrement des Mouvements des troupes, des armées. L'armée commença à marcher. Faire marcher l'infanterie, la cavalerie. Marcher à l'ennemi. Marcher de front. L'armée marchait en ordre de bataille, marchait sur trois colonnes.
L'impératif singulier Marche sert de commandement militaire, même quand on s'adresse à une troupe. En avant, marche!
Ce régiment, ce corps marche, Il fait la campagne.
MARCHER signifie encore Tenir un certain rang dans les cérémonies. Le corps diplomatique marchait en tête du cortège. Les ducs et pairs marchaient anciennement dans l'ordre de leur réception.
En termes de Marine, Marcher dans les eaux d'un vaisseau, Faire la même route que lui.
Fig., Marcher dans les eaux de quelqu'un, Le seconder.
MARCHER s'emploie figurément en parlant des Personnes, et il exprime en général une idée de Progrès. Il marche hardiment à son but, vers son but. Marcher aux dignités, aux honneurs, à la fortune, à la gloire, à l'immortalité. Nous marchons tous d'un pas égal vers la mort.
Fig., Marcher droit, Être irréprochable dans sa conduite, franc dans ses procédés. Il ne marche pas droit dans cette affaire, Il n'agit pas de bonne foi dans cette affaire. Je le ferai marcher droit, Je l'empêcherai de s'écarter de son devoir, je l'obligerai à se bien conduire.
Marcher d'un même pas dans une affaire, Agir de concert, avec les mêmes sentiments.
Il se dit souvent des Choses inanimées qui se meuvent ou que l'on met en mouvement. Ce vaisseau marche bien. Cette voiture publique marche deux fois la semaine, marche la nuit et le jour. Les trains ne marchent pas encore sur cette partie de la ligne. Les autobus marchent dès sept heures. Les bateaux ne marchent plus sur cette rivière, à cause de la crue. Cette horloge, cette montre marche bien, marche mal, ne marche plus. Les rivières sont des chemins qui marchent.
MARCHER se dit aussi figurément des Choses. Le temps marche avec rapidité. Cet État marche à sa ruine. Ces deux affaires marchent de front. Cette affaire marche toute seule, ne marche pas.
L'action de ce drame ne marche pas, marche lentement, Elle n'avance pas, ou n'avance pas assez vite vers le dénouement.
Bien marcher, Avoir du succès. Cela a bien, a très bien marché.
Tout ou partie de cette définition est extrait du Dictionnaire de l'Académie française, huitième édition, 1932-1935